jeudi 3 avril 2008

AFGHANISTAN: LETTRE OUVERTE A MM. LES DEPUTES ET SENATEURS

Paris, le 3 Avril 2008

Mesdames, Messieurs les Députés et Sénateurs

A l'heure où le pouvoir exécutif informe depuis Londres notre parlement, et transmet maintenant le nombre exact de soldats devant l'OTAN à Bucarest (puisque sur ce sujet rien n'est officialisé sur le sol français), je vous pose officiellement la question de l'opportunité de renforcer de près de 1000 hommes "notre" dispositif armé en Afghanistan. Je vous rappelle que notre ex-candidat président a affirmé le contraire en Avril avant les élections. Il apparaît donc de plus en plus nécessaire de resituer le débat et les origines de ce conflit: Le 21 septembre 2001 en direct sur CNN, le porte parole du gouvernement afghan a déclaré qu'il livrerait Oussama Ben Laden à la justice américaine sur présentation de preuves, dont l'existence "accablante" avait été simplement affirmée la veille par Colin Powell. Où sont les preuves? Elles n'ont jamais été présentées. Et Oussama Ben Laden n'est à ce jour pas recherché par le FBI pour les attentats de 2001... Où en est l'Afghanistan? Depuis l'occupation étrangère, la production de pavot a atteint des sommets, et 47 civils en moyenne meurent pour chaque militaire tombé. Powell a menti sur les ADM en Irak, comme sur les complexes souterrains afghans décrits dans les journaux, qui n’étaient que des grottes vides. Mais L'Afghanistan est aussi un pays couvert de pipelines, et de projets de pipelines, et Amid Karzaï est un ancien dirigeant de l'industrie pétrolière américaine imposé à une population multiethnique complexe avec force négociations financières et fausses élections « démocratiques » ...

Le 10 janvier dernier, le Sénat japonais a refusé de voter la prorogation de l'aide aux troupes de l'OTAN stationnées en Afghanistan (2 navires de guerre ravitaillent les troupes de l'OTAN en carburant). Le Premier ministre japonais n'a dû son salut vis-à-vis de Washington qu'avec l'aide d'une procédure exceptionnelle dite du vote à la majorité des 2 tiers, employée pour la première fois depuis que le Japon a recouvré sa souveraineté en 1952. Pourquoi ? L'AFP n'a pas diffusé les raisons : Un sénateur japonais centriste, M. Yukihiro Fujita, a publiquement, et avec le soutien de son parti, mis en doute les allégations de Washington quant à la responsabilité de l'Etat afghan dans les attentats de Septembre 2001. Aucune enquête japonaise indépendante n'a été menée. Tout a été décidé sur la foi de simples "renseignements confidentiels" fournis par Washington, attitude qu'une contre-enquête citoyenne internationale en cours remet en cause, et dont le courageux Sénateur s'est fait l'écho. Cette contre-enquête appelle à la réouverture officielle du dossier 11 Septembre. Une autre raison était l' accusation de détournement du carburant fourni à l'OTAN, au profit des chars américains, accusation simplement démentie par Washington, qui a refusé le contrôle interne de ses approvisionnements au motif du temps perdu et des surcoûts, motifs qui sont très similaires à ceux invoqués par Dick Cheney au lendemain des attentats de 2001 pour ne pas faire d'enquête et rendre prioritaire le déclenchement de la guerre globale contre la terreur. C'est seulement parce que des familles de victimes ont forcé la Maison Blanche à le faire, que 411 jours plus tard, un record de lenteur dans l'histoire de l'administration américaine, une simple enquête à valeur administrative a été consentie par la Maison Blanche... Et le rapport de la Commission d’enquête ne vaut rien car la méthodologie suivie ne permet pas de « judiciariser » ses conclusions.

Ainsi le plus grand attentat de tous les temps sur le territoire des Etats-Unis est en panne d'enquête judiciaire nationale et de procès depuis 6 ans et demi, seules des procédures privées sont en cours, promises au non lieu, et la torture a remplacé le renseignement et les investigations, sans résultats crédibles comme vous avez pu le constater depuis.

A la lumière de ces simples constatations préoccupantes que je vous mets au défi de contredire, nous vous demandons instamment de surseoir à l'envoi massif de nos soldats et compatriotes en Afghanistan, car ce serait au nom de raisons que nous sommes à ce jour bien en peine d'identifier avec certitude. Réfléchissons ensemble, ne nous laissons pas gagner par la tentation de l'Atlantisme forcené, mais par une collaboration raisonnée avec certains de nos amis américains.

Avec la solennité qui sied à ce risque de tournant diplomatique français, recevez, Mesdames et Messieurs les Députés et Sénateurs, l'assurance de notre profond respect envers vous, votre fonction et nos institutions.

B.

citoyen français qui cherche à s'informer correctement

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